De l'inclination assimilationiste des Imazighen
RAZIKA ADNANI, philosophe, islamologue franco-algérienne, a tenté de disséquer l'origine de la troublante inclination des Imazighen Algériens à s'auto-assimiler aux arabes, culturellement et linguistiquement, au point d'adopter leur accoutrements vestimentaires voire même culinaires.
En effet, elle rapporte dans son ouvrage "Pour ne pas céder" (*), édité en 2021:
"...Abdelhamid Ben Badis disait aux sujets des Arabes : « Il (Dieu) ne peut attribuer ce grand message (islamique) qu’à une nation grande, car seules les grandes nations et les grands peuples peuvent entreprendre les grandes tâches. »
Ce petit paragraphe résume parfaitement le regard que les Berbères (Imazighen, ND@A) islamisés portaient sur les Arabes et sur eux-mêmes, car cela revient à dire que, pour Abdelhamid Ben Badis, les Berbères (Imazighen) ne constituaient ni une grande nation ni un grand peuple, étant donné que Dieu ne leur avait confié aucune grande mission. Un raisonnement simpliste, mais efficace. Car, pour beaucoup de Berbères (Imazighen), il était donc plus honorable d’être arabes. Ainsi, s’est répandue la prétention, parfois avec un zèle troublant, à se dire d’origine arabe et encore mieux, de prétendre avoir des liens de sang avec le prophète (les marabouts en Kabylie, le Royaume chérifien au Maroc, ...), ce qui n’a pas épargné les berbérophones (Amazighophones) à s'auto-assimiler volontairement, même si cette propension a été pratiquement éradiquée en Kabylie, à partir du Printemps berbère de 1980."
Mais il faut relever que l'on assiste ces derniers temps à un lent, mais perceptible, regain de mimétisme des Arabes, motivé par de faux prétextes de religiosité vestimentaire, ou dissimulé par un incohérent principe de liberté individuelle, notamment chez les filles et les femmes, encouragées, voire stimulées, en cela par des pères et des maris zélès...
Razika Adnani continue et rapporte que :
«...selon le prédicateur égyptien Al-Qaradaoui, être musulman ne consiste pas uniquement à aimer Dieu mais aussi à aimer les Arabes plus que soi-même (sic). » En effet, dans son ouvrage «Pour un éveil lucide», publié en 2002, il écrit à la page 106, à ce sujet :
«... L’islam IMPOSE aux musulmans non Arabes, en Asie et en Afrique, l’amour des Arabes et fait de sorte qu’ils les préfèrent au détriment de leur propre être. » (sic). Il rapporte dans le même livre un texte d’un Nigérian musulman, dans lequel celui-ci aurait écrit : «...La spécificité de l’islam réside dans le fait qu’il englobe la langue arabe et en même temps reconnaît aux Arabes une supériorité qu’aucun autre peuple ne peut leur discuter quelle que soit la force de leur croyance, de leur compréhension du Coran et de leur foi dans la religion musulmane. »
C’est la preuve que ce phénomène d'assimilation, véhiculé par des arguments fallacieux de prédicateurs religieux de grande notoriété, existe non seulement en Afrique du Nord, mais également chez les populations musulmanes en Afrique subsaharienne."
Dahmane At Ali
Note (*) : Razika Adnani, "Pour ne pas céder, textes et pensées", #UPblisher 2021