L'UNESCO oublie la langue amazighe dans son hommage au chanteur Idir

Langue kabyle

Le Congrès Mondial Amazigh adresse une lettre en tamazight, anglais et français à la directrice générale de l'Unesco (en Tamazight, français et anglais) pour signaler sa déception du manque de considération pour la langue maternelle des Amazighs. L'Organisation des Nations Unies pour l'Education, la Science et la Culture n'a pas jugé nécessaire d'adresser son message en hommage au chanteur Idir ni en kabyle, ni en tamazight. Elle a préféré à la place l'usage de la langue arabe.

Madame Azoulay, 

C’est avec un réel plaisir que nous avons pris connaissance de l’honneur rendu par l’Unesco au chanteur kabyle-amazigh Idir, décédé le 2 mai dernier, par un message posté sur tweeter qui reconnaissait que « Idir était un ambassadeur éminent des cultures kabyle et berbère ». 

Un message simple mais d’une haute valeur symbolique parce que émanant d’une prestigieuse institution mondiale à vocation culturelle. L’hommage de l’Unesco à Idir rejoint celui des personnalités comme Emmanuel Macron, président de la République française, Angela Merkel, chancelière allemande, Vladimir Poutine, président de la Russie, Anne Hidalgo, Maire de Paris, Zinedine Zidane, célèbre footballeur d’origine kabyle, des ONG et associations des pays de Tamazgha (Afrique du nord et Sahara) et de la diaspora amazighe et des millions de célébrités et d’admirateurs anonymes. Une belle et unanime reconnaissance pour le chanteur disparu, attaché à son identité kabyle-amazighe et ouvert sur l’universalité qu’il n’a cessé d’alimenter. 

Cependant, en tant qu’organisation de protection et de promotion des droits des Amazighs, nous avons noté avec un certain désappointement, que le message de l’Unesco était rédigé en français, anglais et arabe, mais pas en langue amazighe ou kabyle, langue maternelle de Idir. Cela est d’autant plus décevant que l’Unesco est l’institution par excellence chargée de promouvoir et de valoriser la diversité linguistique et culturelle, que l’Unesco a dirigé l’année internationale des langues autochtones 2019 et qu’elle s’apprête à poursuivre cette mission dans le cadre de la décennie des langues autochtones 2022-2032 décidée par l’ONU. Sans oublier que Tamazight, la langue autochtone du nord de l’Afrique et Sahara, a un grand besoin du soutien de l’Unesco car cette langue demeure très marginalisée et en danger, même dans des pays comme l’Algérie et le Maroc où elle a théoriquement le statut de « langue nationale et officielle ». 

Aussi nous espérons vivement que l’Unesco saura trouver dans un avenir proche, l’occasion idoine pour honorer de manière plus appropriée l’homme et l’artiste Idir mais aussi célébrer ce qui a donné sens à sa vie, la promotion de sa langue et de son identité opprimées et par là, célébrer également toutes les langues et toutes les cultures opprimées. 

Dans un esprit constructif, le Congrès Mondial Amazigh est naturellement prêt à vous apporter tout le soutien et le concours nécessaires pour concrétiser une telle idée au service de la diversité et de la paix. 

Nous vous remercions de l’attention bienveillante que vous voudrez bien accorder à cette lettre et vous assurons, Madame la directrice générale, de notre haute considération. 

Paris, 28/04/2970 – 10/05/2020 

Le Bureau du CMA 

Amazigh 24
linkedin facebook pinterest youtube rss twitter instagram facebook-blank rss-blank linkedin-blank pinterest youtube twitter instagram