Les langues amazighes exclues de la politique linguistique au Maroc
Le Congrès Mondial Amazigh (CMA) monte au créneau et dénonce l'exclusion des langues amazighes d'une journée d'étude organisée sur «la politique linguistique au Maroc» par la Chambre des Conseillers du Maroc. Une violation flagrante de la Constitution et de la loi sur l'officialisation de l'amazighe, selon le CMA, qui exige des sanctions à l'encontre des responsables et l'application immédiate de la loi.
Dans une lettre cinglante adressée au Président de la Chambre des Conseillers, Naam Miyara, le CMA fustige l'absence totale de l'amazighe lors d'un événement dédié à la politique linguistique du pays.
Cette exclusion, qualifiée de "détestable pratique" et d'"acte raciste", met en lumière le racisme et les discriminations persistants dont souffrent les Amazighs au Maroc, selon le CMA.
L'organisation exige des sanctions disciplinaires à l'encontre des organisateurs de l'événement et la mise en œuvre effective de la loi sur l'amazighe au sein de la Chambre des Conseillers.
Elle menace de saisir la justice et les instances internationales : Le CMA n'exclut pas de recourir à des actions légales pour faire respecter les droits des Amazighs.
Cette lettre du CMA sonne comme un cri d'alarme face à la marginalisation persistante des peuples et des langues amazighes au Maroc et met la pression sur les autorités pour qu'elles prennent des mesures concrètes.
Lettre du CMA adressée à M. Naam Miyara Président de la Chambre des Conseillers
Objet: Exclusion de Tamazight
Monsieur le Président,
Le 5 juin 2024, votre institution a organisé une journée d’étude sur «la politique linguistique au Maroc».
Considérant le paysage linguistique du Maroc, nous nous attendions naturellement à ce que la langue amazighe occupe une place centrale dans le programme de cette journée d’étude.
Mais à notre grande surprise, le mot «amazigh» n’est pas cité une seule fois dans ce programme. En revanche, la langue arabe occupe une place royale dans ce programme qui est écrit uniquement dans cette langue, qui était aussi la langue de cette journée d’étude.
Nous constatons aussi avec un grand regret que le papier à en-tête de votre institution est imprimé uniquement en arabe et en français, excluant Tamazight pourtant langue officielle depuis 13 ans.
Cette détestable pratique d’exclusion de Tamazight serait un acte grave quel que soit l’endroit
où il se déroule au Maroc, mais il est encore plus grave lorsqu’il a lieu au sein même d’une grande institution de l’État comme la Chambre des Conseillers (l’équivalent du sénat).
Monsieur le Président, vous-même et vos collègues, avez-vous conscience que vous violez
la Constitution et la loi organique n° 26-16 du 12 septembre 2019 relative à la mise en œuvre
du caractère officiel de la langue amazighe? Avez-vous conscience qu’en excluant Tamazight vous faites acte de discrimination et de racisme à l’encontre des Amazighs du Maroc?
Avez- vous conscience que cet acte est d’une haute gravité car il favorise la rancoeur et sème le conflit?
Avez-vous conscience de votre responsabilité de chef d’une haute institution de l’État qui instruit et qui adopte la législation du pays mais qui est la première à la violer?
Monsieur le Président, nous attendons de vous la prise immédiate de sanctions disciplinaires à l’encontre de vos collègues qui ont organisé cet évènement raciste anti-Amazigh au sein de l’institution que vous dirigez et la mise en œuvre de toutes les mesures nécessaires afin d’appliquer sans délai les dispositions prévues par la loi organique n° 26-16, à l’intérieur de la Chambre des Conseillers mais aussi dans toutes ses relations avec ses partenaires publics et privés.
Nous vous demandons également d’organiser rapidement une journée d’étude sur le thème de la mise en œuvre du caractère officiel de la langue amazighe au Maroc.
En tant qu’organisation de protection et de promotion des droits des Amazighs, le Congrès Mondial Amazigh se réserve le droit de saisir aussi bien la justice marocaine que les instances internationales afin de mettre un terme au racisme et aux discriminations que continuent de subir les Amazighs du Maroc.
Veuillez agréer, Monsieur le Président, l’expression de notre considération distinguée.
Paris, 26/05/2974 – 7/06/2024
Le Bureau du CMA.