Le festival IZOURAN "Racines" rend hommage à Mririda N'Ait Attik

Ce samedi 19 octobre, le festival IZOURAN "Racines" à Aït Ben Haddou, Ouarzazate, célébrera la mémoire et l'héritage de Mririda N'Ait Attik, figure emblématique de la poésie amazighe.
L'événement mettra en lumière la vie et l'œuvre de cette poétesse du 20e siècle, symbole de la femme amazighe libre et rebelle. Mririda, connue pour avoir défié les conventions de son époque, a laissé une empreinte indélébile dans la culture amazighe avec ses poèmes empreints de profondeur et d'espièglerie.
Le point culminant de cet hommage sera un spectacle inédit réunissant trois artistes de renom : Awa Ly, Soukaina Fahsi et Caroline Bentz. Ces chanteuses et musiciennes talentueuses offriront une interprétation moderne des poèmes de Mririda, créant ainsi un pont entre passé et présent
Qui était Mririda N'Ait Attik?
Mririda était une poétesse qui a vécu au début du 20e siècle dans la région d'Azilal au Maroc, originaire du village de Magdaz dans la vallée de la Tassaout (Haut-Atlas).
Elle composait et chantait des poèmes en tachelhit (l'une des langues amazighes).
Ses poèmes ont été recueillis et traduits en français par René Euloge, un instituteur français publiés dans le recueil "Les Chants de la Tassaout" en 1963. Seule la traduction française existe, les originaux en tachelhit n'ont pas été conservés.
Elle aurait disparu dans les années 1940, sa tombe n'a jamais été retrouvée.
Figure de l'émancipation féminine et de la poésie amazighe, symbole de la résistance culturelle amazighe face à l'occupation française, Mririda N'Ait Attik revendiquait sa liberté et son indépendance vis-à-vis des hommes et du mariage, elle critiquait dans ses poèmes la condition des femmes et les abus de pouvoir des hommes.

"Elle est le symbole de la femme Amazighe qui dit non à l’oppression, qui choisit la liberté dans un quotidien extrêmement dur... Mririda a vécu au milieu du 20e siècle, elle a chanté le monde avec une profondeur et une espièglerie fascinants.
Si « Amazigh » veut dire l'homme libre, est-ce que Mririda ne voudrait pas dire la femme libre ? Bien qu'il lui manquât la capacité de lire et d'écrire, Mririda savait exprimer et improviser dans une langue simple et sensuelle, à la fois archaïque et imagée, établissant un lien quasi-païen avec la nature et ses éléments. Comme dans son poème "L’arc-en-ciel" : "Source des forces de Fécondité et de Résurrection/ fiancée de la Pluie, Ceinture de prospérité de la Terre/ il est si vaste le Ciel, que je ne vois jamais les bords du Tapis des Seigneurs des Monts et des Eaux." Mririda souffrait du manque d'une trace écrite pour immortaliser l'oralité de ses poèmes. René Euloge, un instituteur français à Demnate, a comblé cette lacune et a préservé ses œuvres de l'oubli. Il a recueilli au quotidien et transcrit en tachelhit toutes ses improvisations, les consignant dans le recueil intitulé "Les chants de la Tassaout."
Aujourd'hui, toute mémoire de Mririda a disparu de la conscience collective amazighe, et au sein de la Maison de l'Oralité, nous nous sommes donnés la mission de reconstruire cette mémoire. En redonnant vie à ses poèmes lors du festival IZOURAN, notre espoir premier est de raviver l'esprit de la femme libre qu'elle représentait !"
